Contes espagnols : textes de Bernard Clavel, lithographies et gravures d’August Puig
Couverture : Jeu de guerre n°5, huile sur toile, August Puig, 1948
Éditions du Choucas, 1992, 77 pages, isbn 2-909684-01-6

Avant-propos
Des monstres se cachaient dans le vieux pétrin qui servait de table de nuit. Si, si… c’est Bernard Clavel qui l’affirme. Il s’en souvient très bien de la ‘bête faramine’ tapie tout au fond du meuble quand il était gamin, saisi d’une terrible peur rien qu’à sa vue. Il fallait en avoir le cœur net. Le moyen : demander au grand Dagot, expert en la matière, capable de lutter contre une armée de ‘vouivres’. Il vint en effet, ouvrit le couvercle, se moqua de lui et fit tant le malin qu’il brisa le globe de verre de la pendulette. Quelle raclée il prit le jeune Bernard !

Dans cette histoire, il y a quand même une certitude : « Les personnages fabuleux avaient quitté le pétrin pour se réfugier dans la caisse de la haute horloge comtoise » !
(Mas de la quille à Maussane-les-Alpilles – mai  1992)

* Le pont de Llobregat
Pour se ravitailler en eau potable, une petite vieille était obligée de passer le pont du diable construit sur le Llobregat, petit fleuve de la région de Barcelone. Mais un jour, les éléments se déchaînèrent au point d’emporter le pont. Désespoir de la petite vieille privée d’eau potable. Mais le diable veillait et lui fit cette proposition : « En quelques heures, je peux reconstruire ce pont à condition que l’âme du premier qui passera le pont m’appartienne ». La mort dans l’âme, la vieille femme accepta. Et chacun attendit le moment fatidique où quelqu’un franchirait le pont. Le soleil dardait, la veille commençait à avoir très soif.

Le diable s’en réjouissait déjà quand la vieille se leva, s’avança vers le pont, appelant doucement son chat qui chassait sur l’autre rive. Quand le chat l’entendit, il franchit le pont en quelques bonds et vint se frotter aux jambes de sa maîtresse. « Alors, te voilà payé ! Est-ce que ça te va, l’âme d’un chat ? », lui lâcha-t-elle en riant. Comme quoi, le Malin est parfois moins malin qu’une vieille femme.

* Le pêcheur et le sabbat
Il était une fois dans le petit village de Peñiscolat, un modeste pêcheur Henriquez se mit à faire des pêches miraculeuses. Il ramenait chaque jour de grosses quantités de poissons de toutes sortes. Que de jalousies il suscita dans son village !

Il fallut attendre plusieurs siècles pour qu’un historien découvrît la vérité. Henriquez avait surpris en plein sabbat des sorcières qui lui avaient emprunté son bateau. Il reconnut l’une d’entre elles qui habitait le village et lui mit le marché en mains : contre son silence, il exigea de naviguer aussi vite que les sorcières, de traverser l’océan en un rien de temps.
Tel était le pauvre secret  d’Henriquez le pauvre pêcheur.

* La perle de la forêt
C’est l’histoire d’un jeune homme pauvre Federigo et de Teresa, une belle fille riche. Ils ne se sont jamais rencontrés et ne se connaissent que de loin, mais sans s’en douter, sont tombés sous le charme l’un de l’autre. Le père de la belle se méfiant des prétendants intéressés préféra envoyer la belle Teresa à l’abri des convoitises dans la grande forêt près de chez eux. 

Il met au défi Federigo de retrouver sa belle cachée quelque part dans cette forêt qu’il connaît bien. Et Federigo entreprit son voyage initiatique bien décidé à découvrit la cachette de Teresa et à l’épouser. Il rencontra un géant qui le mit sur la piste d’une vieille femme qu’il finit par trouver en longeant la rivière. Et quand la vieille femme, effrayée par de terribles coups de tonnerre, se blottit dans ses bras, ô miracle, elle se transforma en la belle Teresa. Le philtre avait agi et bien sûr, à partir de ce jour, ils vécurent heureux.


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