jeudi 17 octobre 2013

Bernard Clavel Léonard de Vinci

         

Léonard de Vinci  est une biographie écrit par l’écrivain Bernard Clavel sur le peintre Léonard de Vinci, paru aux éditions Bordas, sur l’itinéraire de l’homme et la portée de son œuvre.

1- Présentation
Léonard de Vinci s’inscrit dans une continuité de la création picturale entre le gothique flamboyant et le style Renaissance. Á cette époque charnière qu’est le 15ème siècle, le statut de l’artiste évolue. Il est reconnu comme tel et les meilleurs ont droit à l’habit de gentilhomme et à l’épée. Il devient polyvalent, étant souvent tout à tour peintre, sculpteur et architecte.
 


2- Vinci et la Joconde
Si La Joconde a en partie éclipsé son auteur et le reste de son œuvre, elle reste selon Bernard Clavel « le premier portrait de sentiments » parfaitement réussi. Il la considère comme un ‘portrait-miroir’ où « Léonard et Mona Lisa étaient deux miroirs qui se reflétaient l’un dans l’autre, s’absorbaient ». Nul exégète ne pourra expliquer l’émotion qui se dégage de la contemplation de ce sourire. [1] Vinci semble patiemment rechercher ‘le portrait de l’idéal féminin’ à travers des œuvres comme La vierge aux rochers, la Sainte-Anne ou La Joconde. Aussi bien dans La Joconde que dans La Cène, il voit le temps comme un continuum et non figé comme il l’est encore dans des œuvres telles que Jean- Baptiste ou Bacchus, « cette fluidité de la lumière où se mêle le vent qui passe ». [2] Si pou lui l’émotion joue un rôle majeur, il savait la canaliser, l’intégrer à ses règles, « bouillant certes, eût écrit Gauguin, mais en dedans ».

3- L’homme multiple
Malgré ses multiples activités, malgré l’inventeur qui écrivit un jour « j’ai gaspillé mes heures », Léonard de Vinci se veut peintre avant tout et sa curiosité a certainement contribué à servir son art. Accompagnant l’émotion, on trouve dans les corps qu’il peint, ses études anatomiques, dans ses paysages les éléments qu’il a sondés, la force de l’eau et des vents qu’il a mesurés. Dans ses œuvres, l’homme s’insère dans l’ensemble car ce qu’il peint avant tout, c’est la vie.
Même si son tableau majeur sur la guerre, La bataille d’Anghiori a disparu, on peut affirmer qu’elle lui inspire un sentiment d’horreur. La machine de guerre jamais réalisée qu’il inventa tient plus du travail de rêveur et à l’adresse du dessinateur qu’au réalisme de l’ingénieur. Vinci, malgré la sérénité qu’il affichait, a connu beaucoup d’échecs et fut souvent attaqué.  S’il a aussi créé des machines de guerre, son humanisme l’a amené à créer des machines pour édifier des barrages, creuser des canaux et améliorer ainsi le quotidien de ses semblables. Son imaginaire part du réel pour se développer et fixer sa vision. 

L’observation prolongée d’un objet le plonge dans un monde vivant multiforme. Sa démarche participe à son besoin d’équilibre, lui qu’attire surtout la recherche scientifique. Son sens du tragique, d’une fin du monde possible s’exprime dans les scènes violentes qu’il décrit ou dessine.
Vinci finit par quitter le ciel bleu de l’Italie pour la Touraine. Il espérait pouvoir peindre enfin sans autre souci mais rapidement, il fut atteint d’une paralysie de la main qu’il aborde avec beaucoup de sérénité ayant souvent pensé à la mort et à la façon de la représenter. La mort, il l’avait déjà apprivoisé à l’hôpital Santa maria Novella quand il disséquait le corps d’un homme qu’il avait accompagné avec compassion dans son agonie. Contradiction chez cet homme fasciné aussi bien par la vie que par la mort.
Il se consacrait entièrement à ses recherches et à son art, sacrifiant pour cela l’amitié et même son amour pour Isabelle d’Este. Lui, le nomade allant de ville en ville et de maître en maître, se sentit sans doute plus citoyen du monde que de son pays. Pourtant, la Sologne humide et grise du Clos-Lucé ne put remplacer sa terre natale du Val de l’Arno.

4- De la peinture à l’écriture
Si une partie de ses peintures et de ses textes ont disparu, il reste heureusement quelques chefs d’œuvre et ses Carnets. Ceux-ci représentant quelque mille pages réunies en deux volumes avec la remarquable préface de Paul Valéry. Leur lecture révèle toute l’étendue des connaissances de Vinci. S’il acquière un premier bagage chez son premier maître Verrocchio, il va ensuite engranger seul, en véritable autodidacte, une masse de connaissances considérables. Comme Paul Gauguin [3] qui a aussi beaucoup écrit sur la peinture et sur sa vie, il place la peinture au-dessus de tout, écrivant qu’elle « surpasse toute œuvre humaine par les subtiles possibilités qu’elle recèle ».
L’équilibre de la composition se révèle en combinant ce que Paul Valéry nomme « une sorte de passion de concevoir et de représenter la vie » avec  la définition des règles strictes qu’il s’applique. Pour développer la thèse chère à Gauguin [4] de la primauté de la peinture, il avance que le poète ne saurait avec des mots ‘satisfaire l’œil’ comme un peintre ou que le sculpteur –qu’il est lui-même- qui ne peut restituer la transparence, la luminosité ou la brume.
Ses thèmes, il les puise d’abord dans la nature, dans ses nombreuses promenades et ce qu’il en rapporte, qu’il appelle ‘la gerbe’.  En homme d’expérience, il donne des conseils sur la façon de dessiner un relief par exemple ou le choix du moment –« à la tombée du soir » écrit-il, pour exécuter un portrait. L’exposé de ses idées dans ses Carnets est agrémenté par un style simple et d’une grande sobriété.

Bibliographie
* ''Vinci, génies et réalités'', André Labarthe et Jean-Jacques Salomon, éditions Hachette

Notes et Références
[1] Vinci écrira : « Nos mains tendent à refaire le corps humain dont notre âme fut l’inventrice. »
[2] Vinci note dans ses Carnets : « L’air et l’obscurité de l’arbre ombragé se mélangent et flottent de concert à la rencontre de l’œil du spectateur » 
[3] Voir ''Gauguin'', Bernard Clavel, éditions du Sud-Est, « Gauguin, écrit aussi Clavel, qui reste le plus grand peintre des temps modernes et qui se trouve uni à Vinci par bien des liens » 
[4] Gauguin a écrit : « La peinture est le plus beau de tous les arts ; en lui se résument toutes les sensations… d’un seul coup d’œil avoir l’âme envahie… point d’effort de mémoire, tout résumé en un seul instant ». 
 
* ''Léonard de Vinci'' de Bernard Clavel – éditions Bordas et Œuvres complètes tome III pages 915-944 éd Omnibus 10/2004 isbn 2-258-06993-0

             <<< Christian Broussas, Feyzin - Octobre 2013 © • cjb • © >>>

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