jeudi 2 octobre 2014

La Table du roi

La Table du roi est un roman de Bernard Clavel paru en 2003 aux éditions Albin Michel, puis en collection de poche aux éditions Pocket en 2005 (ISBN 2-266-13805-7).
(La Courbatière, septembre 2002)

               
La table du roi : « Un huit clos parfait. » Le Magazine littéraire

Présentation générale
On retrouve dans ce roman la plupart des grands thèmes chers à Bernard Clavel et qui parcourent toute son œuvre. D'abord, la guerre et la paix, le recours à la violence avec cette citation de George Bernard Shaw : « Jusqu'à la fin des temps, le meurtre engendrera le meurtre, toujours au nom du droit, de la justice, de l'honneur et de la paix, jusqu'à ce qu'enfin la soif des dieux soit rassasiée et qu'ils créent une race qui comprenne. »

Et là aussi, malgré le bouillonnement des eaux furieuses, on pourrait dire pour reprendre ce titre d'Anatole France que les dieux ont soifs et comme Sophocle, que « la nature renferme des forces bien redoutables, mais aucune plus redoutables que l'homme. ».
La fureur de Rhône dont la crue provoque des tourbillons autour de la Table du roi, l'énorme rocher planté dans le fleuve, va se conjuguer à la fureur des hommes en lutte pour le pouvoir, pour faire de la vie de ces pauvres gens un véritable enfer. Bernard Clavel reprend également cette citation de Gaston Bachelard, qu'il aimait particulièrement : « La barque de Caron va toujours aux Enfers. Il n'y a pas de nautonier du bonheur. »

    Charon traversant le Styx, par Joachim Patenier, 1515-1524, musée du Prado (Madrid)         Caron, le nautonier des enfers

Résumé et contenu
La table du roi, c'est un rocher mythique fiché au milieu du Rhône entre Lyon et Valence. Par temps de basses eaux, la roche affleure, dépasse le niveau des eaux et montre sa face entièrement plate où pourraient manger les elfes et les sylphides. Au printemps, à la fonte des neiges, il est particulièrement dangereux, les eaux furieuses du fleuve venant gifler la roche et provoquant de larges et profonds remous très dangereux pour les embarcations se trouvant à proximité.

Image illustrative de l'article La Table du roi  La table du roi

C'est dans ce contexte que Bernard Clavel nous conte l'histoire de ces bateliers coincés contre la terrible table du roi, prisonniers tant que les cieux ne se seront pas calmés. Lucie, la fille, son père Mathias, veuf petit de taille mais large et épais avec d'énormes mains toutes jaspées de taches brunes, Rochard son second, le 'prouvier' comme on dit ici, et les hommes d'équipage attendent, inquiets, sur le bateau que se calment la tempête et la colère du fleuve. C'était encore le temps de la batellerie en bois où les hommes et leur embarcations étaient contraints par la fureur des éléments, à la merci des crues du fleuve qu'ils redoutaient par dessus tout.

  Grenadiers pendant les Cent-Jours

Comme si ces éléments déchaînés ne suffisaient pas, les hommes s'en mêlent aussi. Tout se passe en une nuit terrible sur un fleuve en furie : Napoléon vient de débarquer à Golfe-Juan et la nouvelle remonte la vallée du Rhône. Arrivent des soldats de l'Empire et des policiers fidèles au roi et quelques heures suffiront pour sceller le sort de ces bateliers qui, sans le savoir bien sûr, vont à la rencontre de l'Histoire.

Depuis le 1er mars 1815, Napoléon marche vers Paris, et de part et d’autre du fleuve, républicains partisans de l’Empereur et royalistes s’affrontent. Mais Patron Mathias refuse qu’on fasse de la politique à son bord. C’est un non violent qui croit simplement en l’homme. Quand deux soldats de l’armée républicaine arrivent pour fouiller le bateau, il n’hésite pas à cacher le jeune homme et à désarmer et ligoter le capitaine, devenu trop agressif. Et les deux tenants de l’ordre, le royaliste et, le républicain, se retrouvent prisonniers d’un homme qui ne cherche qu’à faire régner la paix.    

C'est une époque troublée faite de menaces de guerre civile, ceux qui sont pour le roi, ceux qui soutiennent l'empire, les républicains, tout se mélange et ces querelles vont finir par rattraper Mathias et Lucie sur leur bateau bloqué au milieu du Rhône.

Commentaire de l'Express
« Clavel signe là un roman d'une grande puissance épique et d'une force compassionnelle qui remue l'âme. Et de répéter une fois de plus combien « les hommes sont beaucoup plus dangereux que le fleuve » et combien l'avenir appartient aux pacifistes de bonne volonté. »

        Christian Broussas - Table du roi - Feyzin, 10/12/2009 - << © • cjb • © >>> 

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